Écouter ses sensations : renouer avec le langage du corps
- Adeline Loriou
- il y a 3 jours
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 1 jour
Dans le rythme soutenu de nos journées, il arrive souvent que le corps parle… et que l’on n’entende plus très bien ce qu’il dit. La faim, la satiété, la soif, la fatigue, les tensions musculaires, la lourdeur digestive, l’agitation interne : toutes ces sensations sont des messages, et non des faiblesses ou des obstacles.
Notre organisme ne nous “teste” pas :il nous informe. C’est sa manière à lui de se réguler, de maintenir son équilibre, de nous protéger.
Pour beaucoup de personnes, écouter son corps n’est pas naturel, ni évident. Ce n’est pas un manque de volonté : c’est un apprentissage. Et parfois, un réapprentissage.
L’intéroception : cette capacité qu’on oublie d’écouter
L’intéroception, c’est le terme scientifique qui désigne la perception de nos signaux internes :la faim, la satiété, l’énergie, la fatigue, les tensions, les variations du rythme cardiaque, la digestion, l’apaisement, l’inconfort.
Ce n’est pas une “intuition floue”. C’est une fonction biologique, soutenue par un réseau qui relie nos organes internes, nos nerfs et notre cerveau.
Elle influence directement :
notre rapport à la nourriture,
notre manière de gérer le stress,
nos émotions,
notre niveau d’énergie,
notre confort digestif,
nos sensations de bien-être.
Lorsque cette capacité est affaiblie par la fatigue, le stress ou les habitudes de vie, il devient plus difficile de comprendre ce que le corps demande.
La faim et la satiété : deux signaux physiologiques, pas psychologiques
La faim n’est pas un signe de manque de contrôle. C’est une information biologique organisée par plusieurs systèmes :
hormones (ghréline, leptine),
signaux digestifs,
variations d’énergie circulante,
activité du système nerveux.
La satiété, elle, apparaît lorsque :
les nutriments commencent à être absorbés,
le tube digestif envoie un message d’arrêt,
le cerveau a le temps de traiter ces informations.
Quand on mange rapidement, en étant stressé ou très fatigué, ces signaux deviennent discrets, parfois imperceptibles. Quand on ralentit légèrement, même sans changer le contenu de l’assiette, ces informations redeviennent lisibles.
La soif : un signal souvent trop discret
Contrairement à ce que l’on imagine, la soif apparaît tardivement. Le corps commence à manquer d’eau bien avant que la sensation ne se manifeste. Lorsqu’on est concentré, stressé ou exposé au froid, ce signal devient encore plus silencieux.
La déshydratation légère peut se traduire par :
une baisse de vigilance,
des maux de tête doux,
une fatigue inhabituelle,
une sensation de sécheresse orale,
une difficulté à se recentrer.
Reconnaître ces signes, ce n’est pas “faire attention” : c’est écouter ce que le corps essaie de dire.
La fatigue : un message, jamais un défaut
La fatigue est souvent vécue comme un manque de force, alors qu’elle est une fonction protectrice. Le corps nous indique simplement :“mon niveau d’énergie baisse”, “j’ai besoin de récupérer”, “je ralentis”.
Selon Santé publique France et Ameli, la fatigue s’exprime par :
une baisse d’attention,
un ralentissement de la pensée,
une irritabilité plus rapide,
une sensation de lourdeur,
une difficulté à maintenir la posture,
un besoin de pause.
L’ignorer n’est pas une preuve de courage : c’est un réflexe appris. L’entendre, c’est soutenir son corps.
Les tensions corporelles (TMS) : les premiers signaux sont les plus importants
Les TMS ne commencent jamais par une douleur intense. Ils commencent par de petites modifications, souvent présentes depuis longtemps :
crispation des épaules,
nuque qui se raidit,
mâchoire qui se serre,
fourmillements,
inconfort postural,
sensation de tirer.
Ces signaux sont la manière qu’a notre système nerveux de dire :“quelque chose ne me convient plus”.
Les reconnaître tôt protège durablement le corps.
Parce que nous vivons :
dans une société rapide,
dans des environnements sensoriels denses,
avec une charge mentale élevée,
avec des habitudes alimentaires où l’on “fait vite”,
avec un rapport au travail qui valorise la performance avant les sensations.
Pendant longtemps, beaucoup d'entre nous ont appris à “tenir bon”, “ne pas s’écouter”, “faire passer le reste en premier”.
La bonne nouvelle :écouter son corps est une compétence, pas un don. Elle se renforce, un petit geste à la fois.
Revenir à soi : quelques repères simples
Identifier la faim sur une échelle douce : légère / modérée / intense.
S’arrêter quelques secondes pour percevoir le confort digestif après un repas.
Nommer une tension lorsque l’on la remarque, sans jugement.
Repérer la première fatigue, celle qui arrive bien avant l’épuisement.
Prendre 30 secondes pour revenir à soi dans la journée.
Accepter la sensation telle qu’elle se présente, comme une information utile.
Cet art de vivre replace le corps au centre, sans pression, sans performance, avec respect et curiosité.
📚 Sources (institutionnelles et scientifiques)
Ameli — Asthénie (fatigue) et signaux internes https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/asthenie-fatigue/definition-symptomes-causes?utm_source=chatgpt.com
Inserm — Perception du corps et signaux internes (podcast scientifique) https://www.inserm.fr/podcast/bonjour-je-mappelle-teuse-comment-les-autistes-percoivent-leur-corps-les-volontaires-s01e07/
Source : Inserm – Méditation, éducation à la santé et bien être physique et mental
https://presse.inserm.fr/bien-etre-physique-et-mental-des-personnes-agees-un-impact-positif-de-la-meditation-et-de-leducation-a-la-sante/68178/?utm_source=chatgpt.com
Ameli - Déshydratation Déshydratation | ameli.fr | Assuré






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